Sans doute peut-on regarder le ciel avec un instrument, une focale, un diaphragme ou une lentille, mais peut être aussi, à l’instar de Ronsard, peut-on le regarder avec des yeux d’amour, des yeux de poète.
Ainsi le sonnet 25 des « Amours de Marie »
Cache pour ceste nuit ta corne, bonne Lune :
Ainsin Endymion soit tousjours ton amy,
Ainsi soit-il tousjours en ton sein endormy,
Ainsi nul enchanteur jamais ne t’importune.
Le jour m’est odieux, la nuit m’est opportune,
Je crains de jour l’aguet d’un voisin ennemy :
De nuit plus courageux je traverse parmy
Les espions, couvert de ta courtine brune.
Tu sçais, Lune, que peut l’amoureuse poison :
Le Dieu Pan pour le prix d’une blanche toison
Peut bien flechir ton cœur. Et vous Astres insignes,
Favorisez au feu qui me tient allumé :
Car s’il vous en souvient, la plus part de vous, Signes,
N’a place dans le ciel que pour avoir aimé.
*Endymion, un simple berger ou un roi, ou même un astronome pour Pline l’ancien. Il est connu pour être l’un des amants de Séléné, déesse de la Lune. Séléné obtient pour lui qu’il conserve sa beauté dans un sommeil éternel dans une grotte du mont Latmos en Carie.